Du dogme immuable ..

Parce que la réalité divine est immuable et que le dogme ne fait que l’exprimer (jusqu’au point où le permet sa formulation dans un langage humaine), le dogme est lui-même immuable.

En opposition avec la conception catholique-romaine qui depuis le IXème siècle a accumulé les innovations en matière dogmatique et a trouvé une justification théorique de cette pratique dans l’œuvre du cardinal J.H. Newman (1801-1890), Florovsky souligne qu’il ne peut y avoir dans l’Eglise aucune introduction d’un dogme nouveau ni aucun changement des dogmes existants :

Le dogme n’est en aucun cas une nouvelle Révélation. Le dogme n’est qu’un témoin. Tout le sens de la définition dogmatique consiste à témoigner de la vérité immuable, de la vérité révélée et conservée depuis le début. Ainsi c’est un malentendu total de parler d’un « développement du dogme ». Les dogmes ne se développent pas ; ils sont immuables et inviolables, même dans leur aspect extérieur –  leur libellé. Il est absolument impossible de changer la langue ou la terminologie dogmatique. 

Cela signifie que la créativité des Pères, cherchant à résoudre les problèmes ou à répondre à des questions propres à leur époque, s’exprime essentiellement dans une capacité à expliciter le dogme ou à le reformuler. Cette capacité se manifeste dans leurs œuvres mais aussi dans les Conciles, constitués par leur réunion. Mais, souligne de nouveau Florovsky, les dogmes tels qu’ils sont promulgués par les Conciles sont intangibles et immuables :

La vérité totale – et rien que la vérité – a été dévoilée dans les décisions des Conciles Œcuméniques sur la foi ; et rien des dogmes de la foi orthodoxe ne tombera en désuétude, rien ne sera changé, aucune nouvelle décision modifiant le sens des anciennes ne sera prise. Il ne peut y avoir aucun développement dogmatique car les dogmes ne sont pas de axiomes théoriques qui se développeraient progressivement en des « théorèmes de la foi ». Les dogmes sont des témoignages, « dignes de Dieu », de l’esprit humain sur ce qui a été perçu et éprouvé, révélé et découvert dans l’expérience catholique de la foi, sur les mystères de la vie éternelle révélés par l’Esprit Saint. […] Dans l’Eglise, il n’est donc pas possible de douter, d’admettre d’autres dogmes : d’autres dogmes révéleraient ou dissimuleraient une vie autre, une autre expérience, un contact différent [avec Dieu].

Source : En suivant les Pères…, Jean-Claude Larchet, La vie et l’oeuvre du Père Georges Florovsky

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